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Valérie WOILLET

Dans la peinture de Valérie Woillet, c'est ce même rapport de distance et d'intimité avec le réel que l'on retrouve dans le jeu des couleurs qui se superposent : les formes qui émergent ne désignent pas un paysage ou un objet identifiable, nommable, mais elles expriment une certaine attention à la lumière et à la force des couleurs. Les formes nées de la superposition de couleurs ouvrent l'espace nécessaire pour que ces couleurs puissent vivre, c'est-à-dire entrer dans la vie de notre regard – être des « couleurs vives » dans la plénitude du terme. Ce n'est pas la coupure d'avec les perceptions quotidiennes qui est recherchée (ce qui pourrait correspondre à l'abstraction mathématique), mais, au contraire, l'enrichissement de notre perception quotidienne par un travail, inhabituel pour notre regard, entre les figures et le fond, par la couleur.

Le premier moment est celui des fonds monochromes. Puis viennent s'ajouter une, deux ou trois couleurs, en superposition partielle. Les couleurs de fond restent visibles dans les couleurs de surface qui sont modifiées « de l'intérieur » par ces couleurs de fond, par confusion optique et non par mélange effectif des pigments, puisque chaque couche doit sécher avant qu'une nouvelle soit appliquée. Nous nous trouvons donc confrontés à une concaténation entre, d'une part, le contraste créé par les couleurs appliquées, qui doit être le plus important possible et que l'on identifie dans leur différence (on sera ici particulièrement attentif aux bordures des toiles) et, d'autre part, la totalité qui résulte de la superposition. Le regard saisit à la fois la stratification des couches de peinture et leur fusion.


Claire Salles